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Librairie dédiée à la petite édition : poésie, beaux livres, livres d'artistes. Galerie de dessins et d'art graphique
Atelier de fabrication des éditions Les Arêtes
Lieu de rencontres et d'échanges des amoureux du livre de poésie, de littérature : lectures, débats, expositions, ateliers de reliure...


01/04/2022
"Comme"
dessins peintures de Philippe Guitton
du 13 avril 2022 au 30 avril 2022
Vernissage le 13 avril à partir de 18h

26/03/2022
Lundi 04 avril à 18h.30,
Rencontre avec l'astrophysicien Matthieu Gounelle
26/03/2022
Le lundi 04 Avril, à 18h30. nous aurons le plaisir d'accueillir l'astrophysicien Matthieu Gounelle pour la sortie de livre "Un ciel de pierres" aux éditions Gallimard.
Matthieu Gounelle est Professeur du Muséum d’Histoire Naturelle et chargé de conservation de la collection de météorites.
" Un ciel de pierres, Voyages en Atacama", avec des dessins de Frédéric Pajak, n'est pas un ouvrage scientifique, ni un roman d'aventure, pas plus qu'un journal intime ou un long poème, non, il est cela tout à la fois.
"Un ciel de pierres" est une quête. Quête des météorites, de la vérité, des origines. Un récit qui prend racine au Chili, dans le désert d'Atacama, là où une équipe d'une dizaine de quêteurs s'obstine à balayer du regard des heures durant un sol aride, à la recherche de la pierre tombée du ciel.
Si on transposait ce désert sur la lune, ce pourrait être un récit de science fiction des années 30.
Quelques rescapé-e-s d'une explosion nucléaire, déambulent sur la lune à la recherche de leurs souvenirs qui auraient traversé la longue nuit de l'espace pour alunir au hasard, dans l'attente de retrouver leurs propriétaires ???
Non, ce n'est pas du tout de cela qu'il s'agit. Ce n'est pas de la fantasy, nul besoin d'extrapoler quand on côtoie les météorites, au contraire mieux vaut s'en tenir à ce que l'on voit, à étudier ce que l'on trouve.
Donc le désert d'Atacama, le petit groupe des chercheurs, les heures brûlantes du jour, les nuits froides, les fantômes. Fantômes des Changos, ces indiens qui se sont laissés exterminer sans lutter, fantômes des opposants à Pinochet, fantômes des orpailleurs, des fous, des maudits.
Il faut se méfier du désert d'Atacama.
Que l'on cherche l'or pour l'argent ou les météorites pour en percer le secret.
Secret de l'origine ? Mais serions-nous à même de supporter ce que nous trouverions ?
« Les bijoux en fer extraterrestre mis au jour dans les tombes préhistoriques en Egypte, en Grèce, ou encore en Amérique du Nord attestent l'attraction exercée par les pierres tombées du ciel sur les peuples ignorant la métallurgie du fer. »
Les bijoux en fer extraterrestre, n'est-ce pas fantastique ? Le mystère tout à coup dans une phrase qui s'invite à votre table. Vous pouvez le passer à votre doigt, autour de votre cou, dans vos cheveux, l'épingler à votre poitrine. L'étrangement lointain est devenu l'étrangement proche, en une rencontre non fortuite.

23/03/2022
Il y a des femmes qui en ont une sacrée paire
« Il y a des femmes qui en ont une sacrée paire » est le titre du chapitre V de "Territoire comanche", publié aux éditions Les Belles Lettres dans la collection "Mémoires de Guerre", de l’ex-reporter Arturo Pérez-Reverte. Histoire de nous rappeler, au cas où nous ne l’aurions pas encore bien compris, que la guerre est une affaire d’hommes et que pour dépasser les rôles traditionnels des sexes il va falloir patienter encore un peu.
"Territoire Comanche" est un livre que j' aurais préféré n’avoir jamais lu. Franchement. Non pas que ce soit un mauvais ou un bon livre…non, il ne s'agit pas de cela. J' aurais préféré que ce livre n’ait jamais eu l’occasion d’être écrit, parce que ce dont il parle n’existerait pas, tout simplement. Voeu pieu.
Ça arrive. Tu lis et tu ne peux plus lire.
Là ça commence dès la deuxième page avec le gros plan sur le visage d’un mort, la solitude de ce mort, un croate dans un fossé au bord de la route. Faut-il vraiment que tu poursuives ? Dans un roman policier, dans une fiction, ces images sont légions, tu n’y prêtes pas attention. Elles servent la marche indispensable à la progression du récit. Le problème, là, c’est que même si l’ex-reporter de guerre est devenu un écrivain à succès, tu sais que l’image qu’il te met sous les yeux n’est pas sortie de son imagination. Le jeune type dans le fossé n’est pas un personnage de fiction. Rien dans ce récit ne sera de la fiction; même si dès que l’on taille son crayon…
Pourquoi Arturo Pérez-Reverte n’-a-t-il pas écrit à la première personne ses Mémoires de Guerre ? Pourquoi a-t-il créé son double, ce Barlés ? Un double qui te rappelle certains commissaires de romans noirs dont la fréquentation coutumière de la mort, de ses détails sordides, fait d’étranges philosophes, rudes, mélancoliques, parfois brutaux, au-delà des valeurs morales.
On suit donc ce Barlés et son acolyte Marquez, tous deux membres de la « tribu » des reporters de guerre, sorte de caste composée de têtes brûlées défoncées au danger, à l’adrénaline sur le terrain, caméra au poing, à la poursuite d’images choc. Comme l’explosion d’un pont, pièce rare dans la collection…d’images. Ou le panoramique d’une vache morte au mur détruit de la ferme, parce que les images des gens terrés dans les caves, on en a déjà assez…vu.
On les suit donc, et la frontière devient fragile. On a de plus en plus de mal à s’y tenir à la frontière entre le mort et l’image du mort, entre l’image du mort et le spectacle du mort. On se demande si la mort, qu'elle soit naturelle, accidentelle, ou criminelle, peut être représentée. Si toute représentation de la mort n’est pas une ultime profanation et que ce qui entre dans l’oeil de celui qui regarde, qu’il le veuille ou non, c'est une effraction.
La guerre a son champ lexical. Quand on y entre avec sa lâcheté, son arme, avec son char, ses missiles, ses bombes, ou ses mains vides, sa peur, sa folie on est toujours "un fils de p**e".
Le reporter lui c’est avec son appareil photo, sa caméra qu'il y entre.
C’est lui, littéralement, qui donne l' image de la guerre. C’est lui qui à travers les images qu’il prend, ou arrache ou vole, la rend visible. Jusqu’au jour, où même Tête brûlée ne peut plus supporter ce qu’il voit, ce qu’il a vu et laisse la place aux autres, aux jeunes, aux ambitieux, aux idéalistes…
"Il n’essayait pour ainsi dire jamais de l’expliquer. Lui était un reporter et, à l’heure de se mettre à la tâche, Dieu n’existe que pour les éditorialistes. Il laissait l’analyse à ses collègues en cravate, à la rédaction ou aux experts qui se présentaient pour expliquer les facteurs géostratégiques devant de grandes cartes en couleur et aux ministres qui affichaient leur sourire pour les journaux du soir, très affairés à Bruxelles, ne s’exprimant jamais qu’au pluriel de majesté : nous avons, nous allons, nous ne pouvons tolérer. Pour Barlés, le monde se réduisait à des énoncés plus simples: ici une bombe, là un mort et ici comme là un grand fils de p**e. En réalité, c’était toujours la même barbarie : de Troie à Mostar, ou à Sarajevo, toujours la même guerre. Il le dit un jour lors d’une conférence à Salamanque devant des étudiants en journalisme qui prenaient des notes et ouvraient des yeux comme des soucoupes quand il leur racontait ce que coûtait une passe à Manille, comment faire démarrer une voiture volée ou suborner un policier irakien, et les professeurs – de l’université pontificale – se regardaient du coin de l’œil, inquiets, se demandant s’ils avaient invité la bonne personne. Il s’agit de la même guerre, leur dit-il. Pour celle de Troie, j’étais trop jeune, mais au cours de ces dernières années, j’en ai vu quelques-unes. Je ne sais ce que d’autres que moi pourraient vous en dire, mais j’y étais et je vous jure que c’est toujours la même : deux malheureux en uniformes différents qui se tirent dessus, morts de peur, dans un trou plein de boue et, très loin de là, un sa**ud de belle prestance, un havane à la bouche dans un bureau climatisé occupé à concevoir drapeaux, hymnes nationaux ou monuments au soldat inconnu en faisant son beurre de sang et de m***e. La guerre est une affaire de commerçants et de généraux, mes enfants. Et le reste du pipeau."
La guerre est profondément conservatrice. Les hommes aux fronts, les femmes avec les enfants ou aux bordels. Qu'elles prennent les armes ou la caméra c'est forcément parce qu'elles en ont une sacrée de paire...
Bonne lecture !
La libraire

11/03/2022
Pour la sortie de l'Amour n°2,
avec Julie Bouvard et Frédéric Pajak
nous seront heureux de vous retrouver autour d'un verre,
Vendredi 18 mars à partir de 18H.
L'Amour n°2
Contre l'actualité
" Essais, dialogues, nouvelles, extraits de journal intime, dessins, gravures, sculptures, peintures, collages, bandes dessinées, paysages, portraits — toutes les formes sont les bienvenues pour, à contre-courant de l’actualité commune, toucher à l’actualité intime, intemporelle, celle, vibrante en chacun d’entre nous, qui nous sert de boussole dans notre quotidien malmené. "
Avec la collaboration de:
Fernando Arrabal • Jean-Christophe Bailly • Bessompierre • Dimitri Bortnikov • Julie Bouvard • Christian Cabane • Hélène Camus • Valérie Casalta • Chantalpetit • Frédéric Ciriez • Patrick Declerck • Alexandre Devaux • El Roto • Émilienne Farny • Ivan Farron • Charles Ficat • Jean-Michel Folon • Claire Forgeot • Hans Gandert • Philippe Garnier • Gébé • Anne Gorouben • Matthieu Gounelle • Brad Holland • Sonja Hopf • Roland Jaccard • Sarah Larguier • Florent Lassalle • Martial Leiter • Mayenfisch • Jacqueline Merville • Micaël • Muzo • Dirck Nab • Claire Nicole • Noyau • Guy Oberson • Jean-Noël Orengo • Frédéric Pajak • Joël Person • Sandrine Pot • Poussin • Nathalie Quintane • Nicolas Raboud • Jacques Roman • Alexandra Roussopoulos • Pierre Samson • Daniel Sapin • Pavel Schmidt • Jean-Baptiste Sécheret • Siné • Anna Sommer • Michel Thévoz • Delfeil de Ton • Nicolas Topor • Stéphane Trapier • Tomi Ungerer • Jacques Vallet • Corinne Véret-Collin • Éric Vartzbed • Francis Volken
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23 Rue Des Carmes
Arles
13200
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15:30 - 19:30 | |
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dessins peintures de Philippe Guitton
du 13 avril 2022 au 30 avril 2022
Vernissage le 13 avril à partir de 18h
Rencontre avec l'astrophysicien Matthieu Gounelle
Matthieu Gounelle est Professeur du Muséum d’Histoire Naturelle et chargé de conservation de la collection de météorites.
" Un ciel de pierres, Voyages en Atacama", avec des dessins de Frédéric Pajak, n'est pas un ouvrage scientifique, ni un roman d'aventure, pas plus qu'un journal intime ou un long poème, non, il est cela tout à la fois.
"Un ciel de pierres" est une quête. Quête des météorites, de la vérité, des origines. Un récit qui prend racine au Chili, dans le désert d'Atacama, là où une équipe d'une dizaine de quêteurs s'obstine à balayer du regard des heures durant un sol aride, à la recherche de la pierre tombée du ciel.
Si on transposait ce désert sur la lune, ce pourrait être un récit de science fiction des années 30.
Quelques rescapé-e-s d'une explosion nucléaire, déambulent sur la lune à la recherche de leurs souvenirs qui auraient traversé la longue nuit de l'espace pour alunir au hasard, dans l'attente de retrouver leurs propriétaires ???
Non, ce n'est pas du tout de cela qu'il s'agit. Ce n'est pas de la fantasy, nul besoin d'extrapoler quand on côtoie les météorites, au contraire mieux vaut s'en tenir à ce que l'on voit, à étudier ce que l'on trouve.
Donc le désert d'Atacama, le petit groupe des chercheurs, les heures brûlantes du jour, les nuits froides, les fantômes. Fantômes des Changos, ces indiens qui se sont laissés exterminer sans lutter, fantômes des opposants à Pinochet, fantômes des orpailleurs, des fous, des maudits.
Il faut se méfier du désert d'Atacama.
Que l'on cherche l'or pour l'argent ou les météorites pour en percer le secret.
Secret de l'origine ? Mais serions-nous à même de supporter ce que nous trouverions ?
« Les bijoux en fer extraterrestre mis au jour dans les tombes préhistoriques en Egypte, en Grèce, ou encore en Amérique du Nord attestent l'attraction exercée par les pierres tombées du ciel sur les peuples ignorant la métallurgie du fer. »
Les bijoux en fer extraterrestre, n'est-ce pas fantastique ? Le mystère tout à coup dans une phrase qui s'invite à votre table. Vous pouvez le passer à votre doigt, autour de votre cou, dans vos cheveux, l'épingler à votre poitrine. L'étrangement lointain est devenu l'étrangement proche, en une rencontre non fortuite.
« Il y a des femmes qui en ont une sacrée paire » est le titre du chapitre V de "Territoire comanche", publié aux éditions Les Belles Lettres dans la collection "Mémoires de Guerre", de l’ex-reporter Arturo Pérez-Reverte. Histoire de nous rappeler, au cas où nous ne l’aurions pas encore bien compris, que la guerre est une affaire d’hommes et que pour dépasser les rôles traditionnels des sexes il va falloir patienter encore un peu.
"Territoire Comanche" est un livre que j' aurais préféré n’avoir jamais lu. Franchement. Non pas que ce soit un mauvais ou un bon livre…non, il ne s'agit pas de cela. J' aurais préféré que ce livre n’ait jamais eu l’occasion d’être écrit, parce que ce dont il parle n’existerait pas, tout simplement. Voeu pieu.
Ça arrive. Tu lis et tu ne peux plus lire.
Là ça commence dès la deuxième page avec le gros plan sur le visage d’un mort, la solitude de ce mort, un croate dans un fossé au bord de la route. Faut-il vraiment que tu poursuives ? Dans un roman policier, dans une fiction, ces images sont légions, tu n’y prêtes pas attention. Elles servent la marche indispensable à la progression du récit. Le problème, là, c’est que même si l’ex-reporter de guerre est devenu un écrivain à succès, tu sais que l’image qu’il te met sous les yeux n’est pas sortie de son imagination. Le jeune type dans le fossé n’est pas un personnage de fiction. Rien dans ce récit ne sera de la fiction; même si dès que l’on taille son crayon…
Pourquoi Arturo Pérez-Reverte n’-a-t-il pas écrit à la première personne ses Mémoires de Guerre ? Pourquoi a-t-il créé son double, ce Barlés ? Un double qui te rappelle certains commissaires de romans noirs dont la fréquentation coutumière de la mort, de ses détails sordides, fait d’étranges philosophes, rudes, mélancoliques, parfois brutaux, au-delà des valeurs morales.
On suit donc ce Barlés et son acolyte Marquez, tous deux membres de la « tribu » des reporters de guerre, sorte de caste composée de têtes brûlées défoncées au danger, à l’adrénaline sur le terrain, caméra au poing, à la poursuite d’images choc. Comme l’explosion d’un pont, pièce rare dans la collection…d’images. Ou le panoramique d’une vache morte au mur détruit de la ferme, parce que les images des gens terrés dans les caves, on en a déjà assez…vu.
On les suit donc, et la frontière devient fragile. On a de plus en plus de mal à s’y tenir à la frontière entre le mort et l’image du mort, entre l’image du mort et le spectacle du mort. On se demande si la mort, qu'elle soit naturelle, accidentelle, ou criminelle, peut être représentée. Si toute représentation de la mort n’est pas une ultime profanation et que ce qui entre dans l’oeil de celui qui regarde, qu’il le veuille ou non, c'est une effraction.
La guerre a son champ lexical. Quand on y entre avec sa lâcheté, son arme, avec son char, ses missiles, ses bombes, ou ses mains vides, sa peur, sa folie on est toujours "un fils de p**e".
Le reporter lui c’est avec son appareil photo, sa caméra qu'il y entre.
C’est lui, littéralement, qui donne l' image de la guerre. C’est lui qui à travers les images qu’il prend, ou arrache ou vole, la rend visible. Jusqu’au jour, où même Tête brûlée ne peut plus supporter ce qu’il voit, ce qu’il a vu et laisse la place aux autres, aux jeunes, aux ambitieux, aux idéalistes…
"Il n’essayait pour ainsi dire jamais de l’expliquer. Lui était un reporter et, à l’heure de se mettre à la tâche, Dieu n’existe que pour les éditorialistes. Il laissait l’analyse à ses collègues en cravate, à la rédaction ou aux experts qui se présentaient pour expliquer les facteurs géostratégiques devant de grandes cartes en couleur et aux ministres qui affichaient leur sourire pour les journaux du soir, très affairés à Bruxelles, ne s’exprimant jamais qu’au pluriel de majesté : nous avons, nous allons, nous ne pouvons tolérer. Pour Barlés, le monde se réduisait à des énoncés plus simples: ici une bombe, là un mort et ici comme là un grand fils de p**e. En réalité, c’était toujours la même barbarie : de Troie à Mostar, ou à Sarajevo, toujours la même guerre. Il le dit un jour lors d’une conférence à Salamanque devant des étudiants en journalisme qui prenaient des notes et ouvraient des yeux comme des soucoupes quand il leur racontait ce que coûtait une passe à Manille, comment faire démarrer une voiture volée ou suborner un policier irakien, et les professeurs – de l’université pontificale – se regardaient du coin de l’œil, inquiets, se demandant s’ils avaient invité la bonne personne. Il s’agit de la même guerre, leur dit-il. Pour celle de Troie, j’étais trop jeune, mais au cours de ces dernières années, j’en ai vu quelques-unes. Je ne sais ce que d’autres que moi pourraient vous en dire, mais j’y étais et je vous jure que c’est toujours la même : deux malheureux en uniformes différents qui se tirent dessus, morts de peur, dans un trou plein de boue et, très loin de là, un sa**ud de belle prestance, un havane à la bouche dans un bureau climatisé occupé à concevoir drapeaux, hymnes nationaux ou monuments au soldat inconnu en faisant son beurre de sang et de m***e. La guerre est une affaire de commerçants et de généraux, mes enfants. Et le reste du pipeau."
La guerre est profondément conservatrice. Les hommes aux fronts, les femmes avec les enfants ou aux bordels. Qu'elles prennent les armes ou la caméra c'est forcément parce qu'elles en ont une sacrée de paire...
Bonne lecture !
La libraire
avec Julie Bouvard et Frédéric Pajak
nous seront heureux de vous retrouver autour d'un verre,
Vendredi 18 mars à partir de 18H.
L'Amour n°2
Contre l'actualité
" Essais, dialogues, nouvelles, extraits de journal intime, dessins, gravures, sculptures, peintures, collages, bandes dessinées, paysages, portraits — toutes les formes sont les bienvenues pour, à contre-courant de l’actualité commune, toucher à l’actualité intime, intemporelle, celle, vibrante en chacun d’entre nous, qui nous sert de boussole dans notre quotidien malmené. "
Avec la collaboration de:
Fernando Arrabal • Jean-Christophe Bailly • Bessompierre • Dimitri Bortnikov • Julie Bouvard • Christian Cabane • Hélène Camus • Valérie Casalta • Chantalpetit • Frédéric Ciriez • Patrick Declerck • Alexandre Devaux • El Roto • Émilienne Farny • Ivan Farron • Charles Ficat • Jean-Michel Folon • Claire Forgeot • Hans Gandert • Philippe Garnier • Gébé • Anne Gorouben • Matthieu Gounelle • Brad Holland • Sonja Hopf • Roland Jaccard • Sarah Larguier • Florent Lassalle • Martial Leiter • Mayenfisch • Jacqueline Merville • Micaël • Muzo • Dirck Nab • Claire Nicole • Noyau • Guy Oberson • Jean-Noël Orengo • Frédéric Pajak • Joël Person • Sandrine Pot • Poussin • Nathalie Quintane • Nicolas Raboud • Jacques Roman • Alexandra Roussopoulos • Pierre Samson • Daniel Sapin • Pavel Schmidt • Jean-Baptiste Sécheret • Siné • Anna Sommer • Michel Thévoz • Delfeil de Ton • Nicolas Topor • Stéphane Trapier • Tomi Ungerer • Jacques Vallet • Corinne Véret-Collin • Éric Vartzbed • Francis Volken
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