
19/05/2024
DIE HARD 3 : UNE JOURNÉE EN ENFER
sortait il y a 29 ans aux USA, 1995 🎂
Bande-annonce :
https://youtu.be/tfR99OFwjcQ?feature=shared
En 1994, lorsqu'Andrew Vajna, succède à Laurence Gordon et Joel Silver au poste de producteur sur la saga, John McTiernan se trouve quelque peu au creux de la vague. Couronné par les succès de Predator et Piège de cristal, puis consacré par le méga-carton d'A la poursuite d'Octobre Rouge, le cinéaste essuie deux revers consécutifs avec les échecs de Medecine man et surtout Last action hero. Retour à la case départ pour le cinéaste donc, qui a besoin d'un succès pour remonter sur les marches du podium, du moins est-ce l'image qu'il choisit de projeter aux producteurs venus l'appâter.
En effet, Une journée en enfer s'apparente à de nombreux égards à un acte terroriste de sa part, comme s'il s'agissait de cracher un gros molard dans la soupe pour être sur que personne n'ait plus envie d'y goûter. John McTiernan ne pouvait décemment se contenter de suivre les traces du réalisateur acceptant de montrer patte blanche pour conserver sa place sur la A-List, et va se servir du projet comme Cheval de Troie pour signer une bonne fois pour toute le testament de la franchise et, par extension, du genre tout entier. Vous n'avez pas voulu de la transition en douceur avec Last Action Hero ? Vous aurez droit à la manière forte avec Une journée en enfer. Attention, le baroud d'honneur va piquer.
D'emblée, l'ouverture du film donne le ton. Après quelques plans nous dépeignant avec entrain la vie new-yorkaise, une explosion vient brutalement interrompre cette exposition touristique. Si le début de Piège de cristal installait le spectateur dans un songe, alors celui d'Une journée en enfer fait office de réveil brutal, façon horloge stridente qui vous promet une journée difficile (ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'on retrouve McClane en train d'émerger de sa gu**le de bois).
Le choix d'étendre la zone d'action à une ville toute entière semble ici émaner de deux soucis complémentaires : d'abord élargir la zone de jeu pour accentuer l'empreinte chaotique de l'environnement, et confronter ses personnages au réel pour la franchise « confort » ouaté du soigneusement délimité. Or, la résurgence du réel s'impose comme l'enjeu thématique et formel principal du film, celui par lequel McTiernan va véritablement effectuer son travail de transgression. En réintroduisant la caméra à l'épaule dans le cinéma populaire, outil appelé à devenir la norme la décennie suivante, McTiernan fait ostentatoirement pénétrer le chaos du réel dans le tissu fictionnel, systématisant de plus en plus le procédé à mesure que McClane et Zeus se rapprochent de leur ennemi.
Un formalisme destiné à relayer le sentiment d'urgence imposé par une situation en effervescence, mais qui sonnera comme la corruption des ressorts de la fiction lorsque McClane comprendra la machination de Simon au détour d'un magistral travelling-compensé. A ce titre, il est rageant que les producteurs aient choisi d'éjecter la fin originellement tournée, visible sur le DVD & Blu-ray, pour la remplacer par un climax (tourné par Jonathan Mostow quelques semaines avant la sortie) beaucoup plus consensuel.
D'une certaine façon, Une journée en enfer constitue l'exacerbation littérale de l'univers de McT, qui n'a peut-être jamais cinématisé ses thématiques qu'avec ce film. A tel point que si l'on pouvait parler de surfictionnalisation devant la narration très particulière du premier film, on emploiera à l'inverse le terme de surréel concernant Une journée en enfer : McT s'ingénie à prendre le concept de réel d'assaut dans son acception la plus chaotique. Une démarche répondant à une logique cinégénique, dans la mesure où l'amplification de l'unité de lieu exigeait des partis-pris de mise en scène susceptibles de s'adapter à ce changement, mais également à une logique théorique de la part du réalisateur, visiblement conscient d'emmener le genre au bord du précipice.
Signe qui ne trompe pas, la reprise durant la prise de la banque fédérale américaine par l'armée de Simon de la partition militaire utilisée par Stanley Kubrick sur Dr Folamour, film précisément centré sur les dernières heures d'un monde ayant activé le mode autodestruction. Soit une définition qui sied parfaitement à ce troisième Die Hard. Le last action movie ?
Une journée en enfer : Un tournage digne du Livre des records !
Après Piège de cristal à Los Angeles et 58 Minutes pour vivre à Washington, Bruce Willis, alias l’inspecteur John McClane, se retrouve à New York aux prises avec Simon Peter Gruber (Jeremy Irons), un dangereux terroriste, dans Une journée en enfer. Troisième star du film, la ville elle-même, immense parc d’attractions qui ne ressemble à aucun autre.
Pendant deux mois et demi, la mégalopole va servir de terrain de jeux pour Willis et John McTiernan, le réalisateur. Comme il n’y a pas eu de tournages dans la Grosse Pomme depuis 7 ans, la mairie se montre arrangeante et accorde toute liberté à l’équipe. Résultat : un tournage digne du livre des records. Retour sur le tournage hors normes de cette production hollywoodienne riche en cascades, explosions et autres poursuites automobiles.
La plus grande explosion jamais filmée
Scène d’ouverture du film : une bombe dévaste le plus grand magasin de la ville, l’équivalent des Galeries Lafayette à Paris, plusieurs véhicules volent dans les airs. Pour éviter tout dommage, l’explosion est méticuleusement préparée. Deux semaines auparavant, les lieux sont évacués le temps que les artificiers posent leurs explosifs, installent des crics géants pour soulever les voitures et remplacent les vitrines en verre par des surfaces… en sucre qui se brisent de façon spectaculaire sans risque de blessure. Le jour J, pas moins de sept caméras sont installées pour enregistrer la scène – impossible à retourner - sous tous les angles. Toutes les rues aux alentours sont bloquées. Seules les télés locales et les paparazzis assistent à l’événement.
Bruce Willis doit jouer les hommes-sandwichs dans le quartier noir affublé d’un panneau proclamant « Je hais les nègres ». Si le réalisateur John McTiernan a bien posé ses caméras au coeur d’Harlem, il a souhaité ne faire courir aucun risque à son acteur : le panneau est vierge. La phrase sera rajoutée numériquement à la post-production.
Poursuite automobile dans Central Park
Au volant d’un taxi, McClane zigzague à vive allure à travers les allées et pelouses de Central Park. Pour cette scène, qui a nécessité d’évacuer le jardin public, tous les cyclistes, joggers et patineurs sont des cascadeurs. Le pilote n’est pas Bruce Willis, mais un cascadeur installé à l’arrière, hors champ.
Le plus grand bouclage de rues de tous les temps
Pour filmer au plus près la course-poursuite de McClane pied au plancher, le réalisateur a eu recours à un hélicoptère évoluant à basse altitude. Une séquence à haut risque pour la population. Il fallut évacuer plusieurs blocs entre la 42ème à la 57ème rue, distantes de près de 2 km.